Carnet de route

Camp d'été aux Dolomites (Italie)

Le 15/01/2015 par Michel C.

Nous avions choisi pour notre  Camp d'été 2014 une destination particulièrement mythique aux yeux des amateurs de montagne que nous sommes. Après consultation des cartes et  topos-guides , conseils avisés de ceux ou celles qui nous avaient précédés dans l'aventure et quelques échanges de mails avec les locaux dans un anglais approximatif, nous avions déterminé 2 points de chute, l'un vers Canazei, partie occidentale du Massif et l'autre, quelques 60km plus à l'est, dans les environs de Cortina. Cette décision s' avéra judicieuse car la succession des villages dans les vallées, goulots d'étranglement en période d'affluence, augmentait singulièrement les temps de route. Parcourir les 800 km séparant Montélimar du nord-est de l'Italie constitua toutefois notre première épreuve . Les options furent nombreuses, seul ou en famille, à 2 ou à 5, en 2 jours ou d'une seule traite, avec les bouchons de la rive gauche du lac de Garde ou ceux de sa rive droite  mais finalement nous nous retrouvâmes à 16 à Campitello de Fassa (11 en camping et 5 en meublé). C'était le samedi 16 août, au milieu d'un week-end chargé, et le camping Miravalle, quoique confortable, se trouvait lui aussi bien saturé.

Le soleil éclatant du lendemain nous encouragea à entreprendre le tour du Sasso Lungo à partir du Paso Sella. Même si la montée en zig-zag sous les bennes et la descente interminable au milieu des « famiglie e bambini » qui lui fit suite nous donna à plusieurs reprises l' envie de prendre la tangente, nous fûmes conquis par la majesté des panoramas qui s'offraient à nous . Cette impression fut confirmée par la suite et nous parcourûmes sans relâche des paysages  splendides (ou que nous supposions tels à travers le dense rideau de brume se muant parfois en trombes d'eau).

Après cette randonnée, qui nous avait mis en appétit, nous enchaînâmes avec notre première via ferrata italienne, la via ferrata delle Trincee suivie des Crepes di Padon, une grande bambée de 10h, qui fut commencée dans un épais brouillard, se dissipant  au fil des heures: nous avions joué la sécurité (encordement et progression avec relais pour une première partie de via qui nous semblait sous- équipée). Mais nous laissâmes vite tomber ces précautions superflues pour adopter la coutume locale : traction sur le câble d'une main, l'autre se positionnant sur le rocher dans une gestuelle  qui nous rapprochait de l'escalade.

Notre deuxième via , la Brigada Tridentina , fut malheureusement écourtée par la pluie ; nous   saisissions maintenant le sens profond  de ce qui allait devenir le tube du Camp, interprété de manière magistrale par Jean- François  (notre référent Dolomites) avec sa voix de stentor, j'ai nommé « Ô mon bateau ».

L'irruption du mauvais temps  permit à certains d'entre nous de rendre une petite visite à notre ancêtre Ötzi , vieux de quelques 5000 ans et exposé à Bolzano, après avoir été extrait par miracle de son linceul glacé ; d' autres préférèrent s'offrir une escapade romantique à Venise.

Le jeudi, avec le retour d'une météo plus clémente, tout le monde était sur le pied de guerre pour la conquête de la Marmolada (3350m ; mixte de glacier et via ferrata, crampons utiles), un de nos objectifs majeurs. L'ascension se fit dans un décor hivernal et le temps bien dégagé du début de matinée laissa  place à un épais brouillard au fur et à mesure que nous prenions de l'altitude; mais quelle ambiance !

Nous retrouvâmes le mauvais temps pour l' ascension du Piz Boë, qui nous permit de terminer cette première semaine rassemblés...sous nos capes de pluie.

Cette météo en demi-teinte assortie de prévisions  contradictoires incita certains d'entre nous à voguer vers des cieux plus cléments. Les autres entreprirent courageusement  le démontage des tentes et leur remontage au milieu des rigoles creusées dans la terre battue du Camping Olympia de Cortina, où nous fûmes vite rejoints par les passagers de la deuxième semaine.

A l'initiative bienvenue de Patrick , autre fin connaisseur des lieux, nous entreprîmes d'abord la traversée en partie enneigée de la VF Dibona, qui nous donna l'occasion de jouer  les Sylvester  Stallone sur la passerelle mythique de Cliffhanger, puis de nous user les genoux dans une descente particulièrement raide avant de terminer au sprint pour pouvoir décrocher la dernière benne ; la seconde leçon des Dolomites était désormais acquise par une majorité d'entre nous : pourquoi se fatiguer alors que de sympathiques cabines, parfois brinquebalantes mais toujours très colorées, vous amènent à pied d'oeuvre ?

Les expériences sportives qui suivirent présentèrent souvent un intérêt historique : Il n'était pas rare de croiser  des mannequins en habits militaires, accompagnés d'armes ou de photos du siècle dernier, ou bien de franchir laborieusement des réseaux de galeries creusées dans le roc : La première guerre mondiale était en effet passée par là et on reste stupéfait par l'énergie que les soldats autrichiens et italiens  mirent à s'entretuer dans ces lieux magnifiques. Même le relief  porte la trace des combats et les fameuses « Cinque Torri » ou encore les Tofane en face ont été remodelés par les obus. Nous autres randonneurs, empruntons des  vias créées à l'origine pour acheminer troupes et matériel ; nous ne sommes heureusement armés que de nos appareils photos !

L'escalade fut également pratiquée lors de cette deuxième semaine ; Patrick and family se hissèrent notamment à la cime d'une des tours du Lavaredo, par un itinéraire visiblement pas trop difficile, où on ne savait toutefois pas toujours à quel cairn se vouer.

Le reste du groupe se contenta de faire le tour de ces impressionnantes murailles après avoir atteint le sommet du Monte Paterno, plus débonnaire, en empruntant plusieurs passages ferrés (via F  des Forcelle + sentier Innerkoffler). Eric D, ayant pris de l'avance, se servit double ration de via mais réussit à arriver en même temps que nous au parking. Il faut dire que nous avions un peu traîné, subjugués par le spectacle des grimpeurs accrochés aux immenses parois nord du Lavaredo, mais aussi par celui de Patrick s'offrant une descente express dans les éboulis...en VTT.

La fin du séjour fut agrémentée de plusieurs challenges : la via la plus longue (c'est encore Patrick qui  gagna en parcourant la via Costantini dans un timing plus qu'honorable), la plus technique(Ski club 18 : Jean-Mi, Eric, Jean-François et moi-même) .  L'affluence des premiers jours avait laissé la place à une fréquentation beaucoup plus raisonnable puisque, pour la der des der (via E Bovero, juste au dessus du camping), nous nous retrouvâmes à 3 (Claudine, Jean-Mi et moi),  devancés seulement par un  sympathique couple d'Italiens.

Le temps, faisant fi des pronostics pessimistes, s'était plutôt mis au beau et nous quittâmes finalement les Dolomites avec plein de bons souvenirs (pizzas et paste al dente en font bien sûr partie), des photos par milliers... et quelques bouteilles de limoncino.

 

=> Ont participé à l'aventure : Michel Calabrin, Jean-François Caze, Michel Coste, Quentin, Fabienne et Eric Durand, Claudine et Eric Garcia, Jean et Cécile Greffet, Fouzia et Bernard Mabileau, Jean-Michel Uccheddu, Luz Vilarrupla, Pierre Lebeaux, Francine, Patrick, Noé Rolland + Flora, Evelyne Demauve, Evelyne Marchadier, Agnès Moulin, Michel Perrier, Chantal Raymond.







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