Carnet de route
Le Grand Sangle
Le 20/10/2011 par Luz
Progression sur un vire en Chartreuse, à flanc du Fouda blanc
Nous savons un peu ce qui nous attend, pourquoi nous sommes là, mais le début de la vire n’est pas très impressionnant : des arbustes nous protègent du vide. Cécile se permettra même de faire, dès les premiers pas, un roulé boulé avec pour seules conséquences une alerte générale renforcée qui nous fera redoubler d’attention, et une petite émotion pour l’intéressée. Puis cela se précise : un « gaz » qui doit approcher les 300mètres et juste la place pour deux pieds.
Au fur et à mesure de l’avancée, nous prenons conscience que nous sommes embarqués pour un parcours de plus d’une heure qui ne tolère pas le moindre faux pas et nous nous concentrons de plus en plus : mettre un pied devant l’autre, assurer chaque pas, tenir un certain rythme car la vire est longue.
Nous sommes à la fois très concentrés sur nous même mais avec tous les sens en alerte pour l’ensemble du groupe : quand Vincent mettra un pied dans un trou et poussera un cri en perdant l’équilibre, Claire qui le suit, et moi, qui le précède, frôlerons la crise cardiaque.
Au bout d’environ une heure deux possibilités s’offrent à nous : continuer sur la vire sous la direction de notre chef chamois à l’équilibre sans faille, j’ai nommé Michel, ou bien prendre l’échappatoire par une échelle pour rejoindre les Crêtes du Pinet (ou Truc). Quelques hésitations dans le groupe…
Après un moment de restauration, bonne stratégie Michel, nous décidons à l’unanimité de continuer sur la vire. Et nous voilà partis pour environ une heure de plus : là, par moments, plus question de mettre un pied à côté de l’autre, il n’y a la place que pour un pied, toujours les 300 mètre de vide à pic qui ne pardonnent pas et de nombreux endroits recouverts de givre : rochers givrés ou herbe givrée, nous progressons à la queue leu leu avec l’élégance d’équilibristes sur une rangée d’œufs. Heureusement il n’y aura pas d’omelette et nous déboucherons tous, ravis, soulagés, des images plein les yeux, des émotions plein le cœur et fiers de nos jambes, sur la crête du Pinet.
Photos prises par Claudine
